Le passage du Gois : route submersible et mythique !

Le Gois, unique au monde, notamment par sa longueur de 4,2 kilomètres, est un passage né de la rencontre de deux courants marins.
©Michel BENETEAU

 

 

DrapeauAnglaisDrapeauRusseCarnet de découverte des richesses du pays du Gois  crédit photo : Michel Bénéteau   mag-maison-pdg

 

Empierré en 1868, le passage du Gois (du patois « goiser » qui signifie « se mouiller les pieds en marchant dans l’eau ») devient réellement une route d’accès à l’Ile de Noirmoutier et aux parcs ostréicoles à la fin des années 1930.

Depuis plus de 80 ans, à chaque marée montante ou descendante, le rituel est toujours le même : voitures, vélos, pêcheurs à pieds ou simples badauds se pressent… sans omettre les coureurs des Foulées du Gois. Surpris par la marée montante, on peut se réfugier sur une des 3 balises à cage qui jalonnent cette route de 4 km qui disparaît ou apparaît sous l’effet de la marée

Deux fois par jour, la rencontre, deux heures après la marée basse, entre les 2 courants marins contraires est un spectacle magnifique au terme duquel le passage du Gois peut être recouvert par 1,5 à 4 mètres d’eau suivant les coefficients de marée. Un spectacle qui se produit deux fois par jour mais qui ne cesse pourtant d’émerveiller petits et grands.

Le passage du Gois n’est praticable en voiture ou à pied qu’à marée basse car il est recouvert à marée haute. Il existe d’autres sites de ce type, mais le caractère unique du Gois est son exceptionnelle longueur : 4 kilomètres. Selon le coefficient de la marée, il peut être recouvert de 1,30 mètre à 4 mètres d’eau.

Depuis 1971, le pont de Noirmoutier, reliant l’île au continent, est une alternative au Gois

C’est un fait : si la route du Gois est submersible, c’est-à-dire qu’elle est praticable à marée basse mais recouverte à marée haute; son mythe, lui, est totalement insubmersible !

Une histoire de plusieurs siècles

Reliant à marée basse l’île de Noirmoutier au continent avec la ville de Beauvoir-sur-Mer, le passage du Gois, pourtant connu depuis plusieurs siècles ne cesse de fasciner l’Homme. De tout temps, ce dernier a essayé de le maîtriser sans jamais vraiment y parvenir. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui viennent découvrir ou redécouvrir cette originalité de la nature, en prenant parfois le risque de se faire surprendre par la marée et de se retrouver en quelques minutes les pieds dans l’eau, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

La première traversée connue du Passage du Gois date de 843, lorsque des Nantais, prisonniers sur l’île d’Her (l’actuelle Île de Noirmoutier) qui était alors une base des envahisseurs Normands, réussirent à s’échapper et à regagner le continent à pieds après que la mer se soit retirée! Les archives évoquent alors l’existence d’un passage à gué qui se déplaçait d’une marée à l’autre. On fait référence à ce passage depuis bien plus longtemps, alors que Noirmoutier s’appelait l’île d’Her. Le Gois est pratiqué surtout par les passages « de pied » et les animaux depuis le XVIIIe siècle et était à l’époque beaucoup plus long car les côtes de l’ile et le continent étaient plus éloignés.

Le passage étant né grâce à une lente remontée du fonds de l’océan. Cette curiosité quasiment unique au monde existe depuis l’effondrement du plateau ayant donné naissance à la Baie de Bourgneuf au début de l’ère quaternaire. Il y a plus de mille ans, la rencontre de deux courants marins venant du nord et du sud et se heurtant dans la baie a donné naissance à un banc de hauts fonds qui s’est continuellement déplacé avant de se stabiliser il y a environ un siècle à l’emplacement actuel.

Le nom de Gois (Goy en ancien français) remonte à environ 1577.

L’état de passage permanent n’est constaté qu’en 1702 et qu’il est pour la première fois mentionné sur une carte géographique.  La grande mobilité des hauts fonds rend l’exercice périlleux sans guide. Lors de la guerre de Vendée, pendant la Révolution, les royalistes se sont réfugiés sur l’île. C’est surtout depuis les travaux d’endiguement de l’ancienne île de la Crosnière (1766) que le passage est utilisé de façon courante. Les ouvriers qui venaient de Barbâtre sur l’île de Noirmoutier, traversaient directement. Un certain GAUVRIT dont une plaque garde le souvenir côté Beauvoir sur mer, fut le premier à traverser le Gois à cheval.

Vers 1780, les premières balises de bois jalonnent le trajet.

Plus tard, des travaux de stabilisation sont réalisés, afin d’empêcher les bancs de sable de se déplacer. Ce sont eux qui ont permis l’installation de la voirie actuelle. Vers 1840, une ligne régulière est assurée par une voiture à cheval.

Après un premier empierrement réalisé en 1868, le Gois est consolidé, balisé puis empierré dès 1924. Le pavage de la chaussée et la construction des balises-refuges interviennent entre 1935 et 1939 achevant de transformer le gué d’origine en voie d’accès à l’île mais aussi aux parcs ostréicoles de la Baie de Bourgneuf proches de cette voie.

Le passage du Gois entre alors définitivement dans la légende attirant, chaque année, une foule impressionnante de curieux et de pêcheurs à pied.

Des balises jalons sont plantées tous les cent mètres. Six balises dites « mâts de perroquets » et trois balises équipées de cages offrent un refuge aux promeneurs surpris par la montée des eaux depuis la fin du XIXe siècle.

Le Gois et ses dépendances (chaussée, digues et refuges) sont classés à l’Inventaire des Monuments Historiques depuis le 11 juillet 1942.

Soyez vigilants à ne pas vous aventurez aux mauvaises heures et respecter scrupuleusement les consignes de sécurité affichées sur les panneaux aux abords du passage du Gois. Neuf balises, dont six mâts, et trois balises à cages, jalonnent la voie afin de permettre aux plus téméraires et étourdis de s’y réfugier.

 

Le Gois est également un site majeur pour tous les amateurs de pêche à pied qui se délecteront de palourdes, coques et autres bigorneaux et coquillages.

C’est aussi une porte vers les ports ostréicoles environnants. Il n’est donc pas rare d’apercevoir un ballet de lasses au gré des marées.

Actuellement, des démarches sont menées pour que le Passage du Gois soit classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Une autre issue grâce au Pont

Malgré la construction du pont en 1971 et les marées qui en limitent l’accès, ce sont en moyenne plus de 11 500 véhicules qui empruntent le Gois chaque jour en été. Un passage sans danger, à condition de respecter la consigne de ne pas s’engager 1h30 avant ou après la marée basse… au risque de devoir abandonner son véhicule pour se hisser sur une des balises-refuges.

Le Pont de Noirmoutier permet de faciliter et développer les échanges entre le continent et l’Île. Il relie Fromentine à la commune de Barbâtre sur l’île de Noirmoutier et mesure 583 mètres de long.

Les Foulées du Gois ou « L’Enfer Vendéen »

Chaque année au mois de juin, depuis 1987, le Gois est le théâtre d’une course folle : « la course contre la mer ». Le signal de départ est donné lorsque les premières eaux montantes franchissent la route. Certains concurrents arrivent avec de l’eau aux genoux. Ils doivent allier endurance sur plus de 4 kms et rapidité, pour ne pas se faire piéger par la montée des eaux. Outre la course principale des 30 athlètes internationaux, des courses populaires sont organisées pour satisfaire les plus courageux et ravir les nombreux spectateurs qui viennent acclamer les participants.

Le Tour de France est passé plusieurs fois par le passage du Gois, notamment en 1999 (2e étape, 5 juillet), en 2005 (1re étape, 2 juillet) et en 2011 (1re étape du Tour de France, 2 juillet).

Des épaves en vue

Emprunter le pont, en voiture ou à bicyclette, vous permettra d’avoir une vue sur toute la Baie de Bourgneuf. A marée basse, vous aurez également l’opportunité d’apercevoir deux épaves au milieu du Goulet de Fromentine, reliques de la Seconde Guerre Mondiale.

En effet, deux dragueurs de mines allemands gisent au fond du détroit. Le 8 Août 1944, quatre bateaux allemands nommés les « 4 As », du fait de leur nom respectif : As de Pique, As de Trèfle, As de Cœur et As de Carreau, venaient trouver refuge dans ces eaux, quand quelques heures plus tard, les bombardements Alliés des 18 chasseurs bombardiers Beaufighter les ont coulés. Aujourd’hui deux épaves ont été retirées mais deux sont encore visibles.

 

Une autre curiosité se cache sur cette chaussée submersible : de l’art en pleine nature !

Ouvrez grand les yeux et regardez bien à vos pieds, ou plutôt au pied des balises à cage qui marquent le pourtour de la voie. En effet, vous pourrez alors admirez les « Pavés du Gois », ces portraits de l’artiste Rémy IMBERT, faits sur de la lave émaillée apparaissent et disparaissent au gré des marées. Ces visages, caressés par l’eau, semblent changeant selon l’ondulation de l’eau, la présence d’algues ou encore de sable mais ils demeurent les mêmes que lorsqu’ils ont été posés en 1990. La combinaison de l’eau et du soleil donne un aspect tout particulier à ces œuvres d’art singulières.

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Portrait de l’artiste

Rémy IMBERT est né en 1956 à Aubenas en Ardèche. C’est en 1982 qu’il pose ses valises à Sainte Florence, en Vendée et, coup du hasard, c’est là où le célèbre peintre-poète Gaston CHAISSAC a vécu pendant une dizaine d’année. Rémy Imbert devient professeur d’arts appliqués à partir de 1982. En 1985, c’est la consécration : il effectue ses premières expositions à Apremont, très vite suivies en 1987 par celles de Paris.

Ces expositions s’inscrivent dans la mouvance de la Figuration Libre, mouvement artistique créé en réaction à l’art minimal et conceptuel et souvent associé au phénomène du graffiti. Il se caractérise par le non-respect des règles classiques et l’utilisation de matériaux divers et de couleurs discordantes.

En 1989, il s’installe à la Roche-sur-Yon et découvre l’Île de Noirmoutier et ses marais salants. 1 an plus tard, en 1990, il pose ses pavés émaillés sur le Passage du Gois. Depuis 1992, Rémy Imbert est un « paysan de la mer » comme il dit, un saunier, sur l’île de Noirmoutier.

L’artiste conjugue donc ses trois activités : artiste-peintre, enseignant et saunier et partage son temps entre Noirmoutier-en-l’Ile et la Roche-sur-Yon

 

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The Gois, human treasureDrapeauAnglais

 

The Gois is a natural causeway formed by the meeting of two currents. It links the island of Noirmoutier to the continent, its name derived from the expression “to get your feet wet by wading in water” or “goisier” in the local dialect.

The first passage on foot dates back to 843 ! Archives describe the existence of a ford which would change position from one tide to another and the actual passage was born from the slow rising of the sea bottom. It became a stable passage in 1702 as was noted in the archives.

Gravel road in 1868 and paved between 1935 and 1939 when the beacon-refuges were built, the initial ford became a proper access road to the island but also to the oyster leases on either side of the Gois.

The Gois causeway became a legend attracting an impressive crowd of observers and low water fishermen.

Quite unique in the world  by it’s length of 4.2 km, the Gois was classified as a historical monument on the 11th of July 1942.

Twice a day and 2 hours after low tide, the meeting of two contrary marine currents is a fascinating site which, depending on the tide, results in 1.5 to 4 m of water covering the causeway.

Although a bridge was built in 1971 and the tides limit the length of time the Gois is open to traffic, over 11500 vehicles a day use the Gois in summer.

The passage is free from danger if one respects the rule of not using it an hour and a half before or after low tide… the risk being of having to abandon one’s vehicle and seek safety on one of the beacon-refuges. At the foot of these beacon-refuges,

one can still admire the ceramics “Visages empreintes” by the artist Rémy Imbert.

 

 

 

 

 

 

DrapeauRusse  Пассаж-дю-Гуа – мистическая дорога, уходящая под воду

 

 

Уникальный по своей протяженности в 4,2 км, рождённый от встречи двух течений, Пассаж-дю-Гуа (Passage du Gois) является дорогой, дающей доступ к острову Нуармутье (île de Noirmoutier) и устричным фермам залива Бурнёф (Baie de Bourgneuf). Его название происходит от глагола « goiser », что в переводе с местного наречия означает « намочить ноги, шагая по воде ».

Дважды в день, через два часа после начала прилива, встреча двух морских течений являет собой великолепное представление, в финале которого Пассаж-дю-Гуа уходит под воду на глубину от 1,5 до 4 метров в зависимости от коэффициента прилива. Спектакль, проходящий два раза в сутки, не перестаёт завораживать всех без исключения!

Первое известное пересечение Пассажа-дю-Гуа датируется 843 годом, когда нескольким пленникам удалось сбежать с острова и добраться до континента во время отлива. В архивах также имеются упоминания о существовании брода, который менял своё местоположение от одного отлива к другому, окончательно сформировавшимся он был зафиксирован лишь в 1702 году.

В результате первого укрепления булыжником в 1868 году, мощения плиткой и установки с 1935 по 1939 гг. спасательных вышек, завершилось преобразование некогда брода в дорогу на остров.

11 июля 1942 года Пассаж-дю-Гуа со всеми своими составляющими (шоссе, оградительные дамбы и спасательные вышки) был объявлен Историческим Памятником.

Несмотря на строительство моста в 1971 году и приливы-отливы, ограничивающие движение, в среднем более 11 500 транспортных средств ежедневно используют Пассаж-дю-Гуа в летний период. Проезд безопасен при соблюдении условия: не начинать движение раньше, чем за 1,5 часа до отлива и спустя 1,5 часа после него. Будьте осторожны, не идите на риск, выбирайте только благоприятное время для движения и уважайте советы по безопасности, размещённые на табло с обоих концов пассажа! Девять спасательных вышек, из которых шесть – в виде мачт, а еще три – снабжены платформами, расположены на протяжении всего пути, что позволяет найти убежище наиболее рисковым и безрассудным.

Ежегодно в июне месяце, начиная с 1987 года, Пассаж-дю-Гуа становится театром, на арене которого проходит захватывающее действие: 30 спортсменов из разных стран устремляются наперегонки с прибывающей водой, чтобы преодолеть 4-километровое расстояние и не оказаться в ловушке у моря. Помимо основного забега организуются и массовые, где все желающие могут помериться силами, а также порадовать многочисленных зрителей, что приходят подбодрить участников.

Кроме того, Пассаж-дю-Гуа является превосходным местом для всех, кто любит побродить по отмели в поисках таких лакомств, как мидии, морские улитки и другие моллюски.

Если Вы хорошенько приглядитесь себе под ноги или, вернее, к подножиям спасательных вышек с платформами, то сможете полюбоваться « плитками Гуа ». Эти портреты художника Реми Эмбера (Rémy Imbert), установленные здесь в 1990 году, появляются и исчезают вместе с морскими отливами и приливами.

Наш совет: для того, чтобы получить еще более волшебные впечатления, подойдите к подножию вышки в самом начале прилива, когда море только начинает прибывать и лишь слегка касается лиц, изображенных на плитках. Сочетание воды и солнца придаёт особое очарование этим необыкновенным творениям.

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